Qui n’a jamais passé un samedi soir, en famille, en amis ou même seul à visionner, analyser et s’exalter devant un match du CH ? Qui n’a jamais rêvé de voir ou même de revoir le bleu, blanc, rouge soulever la coupe et scander cet exploit. Pour les gens de ma génération, depuis le départ du vénérable Roi Patrick, aucun joueur n’a été en mesure de créer cet espoir auprès des amateurs de hockey de Montréal. Bien que nous ayons vécu de belles émotions avec les Koivu, Kovalev et P.K. Subban, aucun d’entre eux n’a pu soulever l’effervescence d’un peuple. Soyons honnêtes, les temps ont changé et les amateurs ont l’embarras du choix en matière de sport et de divertissement. Bien loin le temps où le CH représentait le divertissement et la fierté indiscutable du pays en entier. L’arrivée des réseaux sociaux a quant à elle créé de véritables brèches d’information et de critiques, servant ainsi à influencer l’opinion populaire. Ce médium est quelques fois devenu un fardeau pour les athlètes lorsque les performances ne sont pas à la hauteur du client-payeur. Et croyez-moi, ils ne se gênent pas pour se faire entendre lorsque tel est le cas.
Les gens de ma génération ont vénéré Patrick Roy. Il est devenu l’exemple à atteindre et le niveau supérieur en matière de comparaison. Sans le savoir, son histoire allait laisser un véritable poids sur les épaules de ses successeurs. Tous allaient être comparés à lui. Parmi tous ceux qui ont tenté l’exploit, un seul a définitivement poursuivi le sentier. Et cet homme, quoi que l’on puisse dire et penser, c’est Carey Price.
Souvent déclaré par ses paires comme étant le meilleur gardien que le hockey ait connu. Rien de moins! Cela signifie que les gars qui jouent au meilleur niveau de la planète, qui affrontent les meilleurs gardiens, sont sans équivoque. C’est lui le meilleur! Malheureusement, tout au long de sa carrière, Carey aura plus souvent qu’à son tour, fait l’éloge de critiques populaires. Pourtant, encore à ce jour, les plus grands entraîneurs en matière de gardiens de but utilisent sa technique parfaite pour développer et peaufiner les gardiens de demain. Il serait même selon plusieurs experts, la version sans failles du gardien de but. Tout ceci au niveau théorique, il en aura été autrement au point de vue de son mental selon certains.

Il n’existe pas réellement de moyen pour mesurer la pression sociale qu’un peuple peut avoir sur un athlète. Mais la carrière de Price aura été un exemple intéressant à comprendre comment un homme peut diviser et faire parler les amateurs de tout âge. Nous avons souvent l’argument du salaire qui vient brouiller l’importance des émotions d’un athlète. Combien de discussion, de dispute et d’analyse Carey Price aura inspirées dans les émissions de télé ou de radio ouvertes? Combien d’encre aura-t-il fait couler dans les journaux? Il y aura même eu quelques scénaristes qui auront utilisé quelques épisodes de sa vie afin de rendre publiques des rumeurs par le biais de leurs textes. Le choc des générations! C’est un peu ce qu’il aura laissé comme héritage, mais chose certaine, tout le monde avait son mot à dire sur Carey Price. Nous avons tout entendu sur lui. Qu’il était paresseux, qu’il ne gagnait pas lors des moments importants, qu’il était fragile mentalement. On a dit de lui qu’il n’avait jamais rien gagné! Il faut être malhonnête pour dire de si futiles affirmations.
Voyons voir depuis son entrée dans la LNH:
Le trophée Hart (joueur le plus utile)
Le trophée Vézina (meilleur gardien)
Le trophée William M. Jennings (moins de buts accordés)
Le trophée Ted Lindsay (meilleur joueur selon ses pairs),
Le trophée Lou Marsh (athlète canadien de l’année)
Le trophée Lionel Conacher (mention remise par les journalistes de la Presse canadienne)
Le trophée Bill-Masterton (persévérance et esprit sportif)
La médaille d’or olympique
La Coupe du monde
À sept reprises sur l’équipe d’étoiles.
Carey Price est aussi devenu le gardien du Canadien avec le plus grand nombre de victoires, surpassant ainsi le record qui appartenait à Jacques Plante.
La collection est plutôt impressionnante non?

Derrière lui
Honnêtement, je pense que malgré tout ce qui s’est dit ou pas, Carey Price aura laissé derrière lui un sillon difficile à imiter. À sa manière, il laissera une pression pour ses héritiers qui œuvreront devant le filet du bleu, blanc, rouge dans les années à venir. Pour eux, ce ne sera pas Patrick l’image du Roi. Pour eux, ce sera le grand gaillard souriant qui portait le numéro 31. Pour eux, ce sera les images de Carey qui vole des buts aux Ovechkin, Crosby, Malkin, Stamkos et autres super vedettes sur les reprises vidéos. Non, il n’aura pas réussi à ramener le Saint-Graal à Montréal, mais sa technique a fait des bijoux qui resteront gravés à jamais dans les archives sportives. Pour eux, ce sera lui, le Roi.
La suite
La dernière déclaration de Kent Hughes nous laisse croire que tout ceci serait peut-être sur le point de se terminer. Du moins, la pente sera longue et l’athlète ne rajeunit pas. Mais qui sait? Peut-être poursuivra-t-il sous d’autres cieux? Peut-être reviendra-t-il de sa blessure pour conclure l’histoire à Montréal? Nul ne le sait!
Mais quoi qu’il lui arrive au cours de la prochaine année, je lui souhaite que du bien. Je lui souhaite du repos avec ses proches. La guérison de ses démons intérieurs et de ses blessures physiques. J’espère sincèrement qu’au fond de lui, il est fier de ce qu’il a accompli comme modèle. Vient un temps où le sport devient secondaire. Vient un temps où le cocon familial redevient l’essentiel. Au cours de leur règne, les athlètes sacrifient leur corps et bien sûr, leur famille.
L’été n’est pas terminé encore que le hockey revient hanter les ondes sportives. Je suis très loin d’être un fefan comme dirait un certain chroniqueur très connu. Personnellement, je pense que le débat est clos. Avec la carrière qu’il aura connue, il se dirige tout droit vers le temple de la renommée. Si après ça ce n’est pas assez pour lui vouer du respect et de l’admiration, qu’est-ce qui le sera?
À toi Carey, je te dis merci.
Je te souhaite de prendre la bonne décision pour toi.
